Vendredi 13 novembre 2009 à 11:35
22h23, le lundi 2 février 2009, à l’apart’
Maman est à l’hôpital en ce moment.
Elle s’est fait opérer du ventre. Ca devait forcément arriver un jour ou l’autre, elle « épongeait trop ». Les humeurs de papa, résultats de ses névroses, de sa frustration, accompagnés de son alcoolisme et de l’argent qu’il ne ramène pas à la maison, les taches quotidiennes d’une mère, son travail et toutes les charges qui s’y ajoutent. Elle a trop fait le tampon, elle qui porte tout son monde alors que sa moitié s’en attribue le mérite. Ce que je dis est horrible, et c’est un gros travail d’arriver à écrire ses mots. Mais pourtant tout est vrai. On peut l’ignorer, mais l’échec sera toujours là.
Donc voilà, après trop de surmenage, le corps de maman craque. Je suis allée la voir à l’hôpital. « Masse inerte et informe, petit corps fragile recroquevillé sous les draps blancs. Respiration faible difficile à remarquer sous la lourdeur du tissu ». Ca me rappelle quelques chose. Pareil pour maman. « Elle va mieux » disait papa. J’ose même pas imaginer ce que c’était avant. Sa peau est grise, sa voix est faible, on remarque ses os sous sa peau tant elle a maigri. Elle met encore plus de temps à répondre qu’avant. Mais celui qui semble le plus blessé dans cette affaire reste le paternel. Complètement angoissé, il rameute tout le monde, radote ses craintes, cherche un ennemi contre lequel se retourner, un coupable à qui il pourrait en vouloir… « Tout ça pour une simple opération », pourrait-on dire. Justement, ça prouve qu’il y a un mal plus profond en elle dont il est conscient, puisqu’il pense savoir la cause de cette faiblesse physique. Je me demande s’il se sent responsable. Dans tous les cas, sa conduite ressemble fortement à celle de quelqu’un qui veut se racheter. A la maison, ils ont formé une cellule de résistance. C’est un cas de crise ! Ils se répartissent les tâches tant bien que mal, mais on voit bien que sans la mère, la maison perd son équilibre. Ca me fait rire d’entendre papa se vanter à demi mot de l’indépendance qu’il n’a jamais eue. Cette situation prouve bien ce besoin qu’il a de cette gente féminine qu’il dénigre parfois. Il a toujours eu ou sa mère ou ses femmes pour prendre son de lui. Arthur, lui, semble confiant, mais c’est difficile de se faire une idée avec lui. Enfin, il y a du positif dans tout ça, le dialogue s’est facilité.
Moi aussi « j’éponge ». Je suis une éponge à émotions, ça fait du bien aux autres quand ils lâchent prise, mais je me tuerai à faire ça éternellement.