Et le temps poursuit sa route...
Qu'est-ce que j'espérais, aussi, moi, pauvre et naïve au point de savoir les choses sans réaliser. 
On dit qu'on s'oubliera pas, on se laisse convaincre par l'idée rassurante que nous on est différents, pas comme tous ces cons qui s'aiment à en crever et qui s'oublient le lendemain. On se fige dans l'instant, la beauté du moment, la sécurité des sourires mais tout fini banalement, bêtement, cruellement de la même manière. 
Les gens poursuivent leur vie. Sûrement qu'ils ont raison d'ailleurs, et puis moi aussi je l'ai fait, sinon j'en serai pas à ce point. Je retrouve la Lisa que je hais, la pauvre gamine perdue et abandonnée qui cherche sans résultat par quelle aberration elle a put y croire, ou laisser filer. 
"Les gens, les choses changent". Je hais tellement cette phrase qu'il faudrait que je l'écrive des milliers de fois pour qu'elle puisse enfin m'être supportable. Je me dresse contre la fatalité que la faiblesse en moi sera toujours, j'essaie de me rassurer avec ce qu'il y a autour de moi, et en moi, tous ces acquis que j'ai durement gagnés...
Les mots que je jette sont impulsifs, comme toujours, et je sais bien qu'après avoir craché tout ça je me tempérerai, je verrai les choses sous un autre angle, forte d'avoir laché ce qui devait sortir. 
Bien sûr que non, on n'est pas comme tout le monde. Bien sûr que oui, on se retrouvera toujours. Même si j'étais la seule à y croire je pourrais pas m'ôter cette certitude. Rien n'est aussi grave que ça en a l'air, on se remet de tout, je trouverai toujours la vie belle et, oui, il faut absolument que je change de systématisme si je veux pas me hair à nouveau.
Je me surprends d'ailleurs à relativiser aussi rapidement.
Rien n'est jamais impossible, et je n'accepterai jamais ces putains d'étiquettes qui annihileraient tout ce qui peut se passer entre deux personnes.