au-dessus-du-jardin

Lisa

Jeudi 10 décembre 2009 à 16:59



Tu es parti tout à l'heure et je ne sais pas pourquoi mais j'ai envie de te remercier de cette nuit passée avec toi. Ce qui est d'habitude le déclencheur de craintes et de regrets a renforcé mon sourire, et j'ai comme envie de graver ça quelque part, parce-que la manière dont ça s'est déroulé représente ce que j'ai voulu avoir avec toi depuis que tu m'as quitté. J'ai envie de figer ça dans le temps pour que ça reste comme cela. J'aurais pu t'envoyer ce message par mail mais notre bonne entente est si fragile et tu focalises tellement sur ta maladresse en matière de sentiments que j'ai peur de t'effrayer et de te faire fuir par la responsabilité que pourrait te conférer ce que j'y dis. Je préfère te laisser me demander ce que tu as besoin de savoir, ne pas te donner d'indice sur ce que je ressens, parce-que mettre des mots sur les choses les rend peut être trop réelles et trop importantes, parce-que je parle trop, parce-que je parle mal. Alors je publie ça ici, comme une bouteille à la mer, et je confie au hasard le soin de te le faire parvenir ou pas.

Je ne veux pas couper les ponts avec toi, j'aimerais que cette situation d'entre deux dure encore. Si on ne peut plus être des "amoureux", le fait de te voir de temps en temps et de constater que je suis encore quelque chose à tes yeux, quoi que ce soit, représente une consolation dont je m'efforce de me satisfaire. Je me moque d'être officiellement séparée de toi. Je me moque que tu vois d'autres personnes tant que tu penses à moi, tant que j'ai cette priorité dont tu m'as parlé hier soir. Je fais très bien ma vie de mon côté, et je sais que je pourrai être heureuse sans toi, mais tu as été et restes le petit rayon de soleil que j'apprécie. J'aime l'idée qu'il subsiste encore ce je-ne-sais-quoi de tacite et de secret entre nous, comme un petit lien invisible qui ne concerne que nous et nous seuls, celui qui nous surprend quelques fois quand on s'y attend le moins. 
Je suis fatiguée de nos disputes. Je ne veux plus avoir à te haïr pour rendre le fait qu'on n'est pas foutus de s'entendre supportable. Une partie de moi ne croira jamais les mots que j'invente pour faire de toi mon bourreau. Je préfère te considérer comme mon égal, et pouvoir t'être reconnaissante d'éloigner les conflits de nous. Je ne veux pas avoir à redouter de te croiser par hasard, je ne veux pas ressentir ce gout amer en pensant à toi. On a la preuve qu'on est capables de nourrir de bons sentiments l'un envers l'autre. On a vécu tellement de mauvais moments, il y a eu tellement d'incompréhensions et de ressentiments, que j'aimerais qu'on se comporte en adultes et qu'on se débrouille pour conserver cette entente et cette "sainteté" de relation. Faisons en sorte de se donner le meilleur de nous même quoi qu'il advienne. Je ne sais pas combien de temps on va rester "liés" l'un à l'autre de la sorte, mais je trouve regrettable que quoi que ce soit de moins agréable que les moments qu'on passe tous les deux nous éloigne.
Je tomberai surement amoureuse un de ces quatre, telle que je me connais. Cependant je le cache bien mais aucun de ces moutons que tu jalouses ne m'a fait ressentir ce que tu me fais ressentir toi. C'est pas moins bon, c'est juste totalement différent. Il suffirait que tu me le demandes et je te donnerais la priorité sur n'importe qui, concrètement, car tu l'as toujours eue au fond de moi.
 
Je t'ai dit "je t'aime" cette nuit sans m'en rendre compte, au détour d'un rêve en me blottissant dans tes bras. Ne prends pas ça de manière dramatique. Je le pense comme tu le penses, pas forcément dans le cadre de la notion de couple. Je n'espère que le meilleur pour toi, malgré tout. Tu es quelqu'un que j'estime et que je respecte. J'aimerais panser tes blessures, j'aimerais te redonner le second souffle que tu cherches, ou au moins rendre ton quotidien un peu moins difficile, mais si c'est trop pour toi, que ça mène à ce que tu cherches à fuir, fais au moins en sorte de ne pas gâcher cette envie.

Ce qu'on fait, la réalité effective de nos actes n'est pas important. C'est sur notre volonté absolue qu'on doit juger.



 

Jeudi 10 décembre 2009 à 17:27




 J'ai peur de le dire, mais je suis heureuse.



Mardi 15 décembre 2009 à 22:46






J'ai peur de te voir partir...




 

Mercredi 16 décembre 2009 à 12:44

 


Ce matin j’ai reçu une cargaison de manalas venus d’Alsace.

 

 

C’est dingue ça.
Je suis tombée sur un groupe facebook par hasard. Le genre de groupe qui réunit les anciens élèves d’une école ou d’un lycée. Ecole Primaire Zillisheim. Je parcours les noms et les photos de tous ces inconnus que j’ai côtoyés autrefois. Clara Hassler, Anthony Bras, Quentin Willig…
Tous ces noms ressortent de mes souvenirs et des images se précisent dans mon esprit.

C’était une grande école, située à la périphérie de la ville. On faisait le chemin à pied ou en vélo tous les jours, avec mon frère. Je me souviens du trajet comme si c’était hier, pour l’avoir fait tant de fois durant mon enfance. On sort sur le gravier devant la maison, on passe le portail sur lequel je m’amusais à faire l’équilibriste, on prend à gauche. On passe devant chez Désiré, on poursuit devant le perron à marches de la « dame des os » comme on l’appelait, car elle avait pour habitude de laisser un sac rempli d’abats pour Youfou, sur le poteau où était notre boite aux lettres. Je me souviens des tourterelles qui chantaient sur les câbles électriques et du timide soleil alsacien. On prend à droite, après le Crédit Mutuel au-dessus duquel vivait cette peste de Marilyne Saladin avec son père pompier. On s’amusait à faire des courses d’escargot avec elle. Elle se trimballait partout avec, ça avait choqué la boulangère. Mais revenons au chemin de l’école. Nous sommes à présent sur la grande avenue. On remonte et ç notre droite se trouve la maison du petit Tristan, qui ne souriait jamais. Il avait les yeux bleus et son père fabriquait des sculptures pour jardin. Le leur était affublé de petits shtroumpfs disposés dans diverses situations, entourés de fleurs et de fontaines. Le tout était d’un goût affreux et très tape à l’œil. Bref on poursuit, on passe devant l’entrée des professeurs de l’école, là où a vécu mon institutrice Mme Janopoulo. Mais avant on passe devant une petite maison où un caniche avait l’habitude de se jeter sur le grillage dès que quelqu’un passait. Je me souviens qu’un de mes camarades y vivait mais je ne me souviens plus de qui. On remonte encore la rue, à notre droite de l’autre côté de la route se trouve la maison des gitans. Ils étaient remontés le jour de la coupe du monde 1998, ils étaient pour l’Italie et nous ont regardés bizarrement quand on est allé défiler dans la rue avec le drapeau français. En remontant encore un peu du même côté de la rue, on arrive devant le portail imposant de notre prof de religion, une forte dame aux cheveux courts et noirs, souvent parée de bijoux imposant, mais je ne me souviens plus de son nom. Elle avait un chien sympathique, très gros et avec de longs poils blancs. On suit la route qui tourne vers la gauche. Il y a une étiquette de sonnette sur le poteau de la maison devant laquelle on passe où est inscrit « Schmitt », nom de jeune fille de ma grand-mère. En poursuivant notre route on arrive rapidement dans la grande entrée de l’école. Je me souviens d’un grand portail, donnant sur un garage à vélo, à gauche. Je me souviens d’ailleurs de la première fois que je suis venue garer mon vélo ici. De l’autre côté de ce garage se trouvait un cours de tennis, séparé de l’entrée par de grandes haies. Il y avait de petits arbres sous l’ombre desquels on s’abritait les après midi d’été. Je me souviens avoir été prise en photo pour la photo de classe dans cet endroit là. Lisa Semeraro ressemblait à une poupée avec ses cheveux bouclés et ses joues toutes roses. La cour était rectangulaire et assez vaste. Il y avait des zones arborées longeant la barrière, à gauche, sur lesquelles on s’est amusé un jour à faire de la gym. Je me souviens m’être fait rejeter et avoir été jalouse des autres filles qui faisaient de la danse et de la gym, et utilisaient leur corps de manière beaucoup plus délicate que moi, comme on s’en doute. Sur le sol de macadam entre ces zones vertes et l’école étaient tracés des marquages blancs pour faire des sports d’équipe. Je me souviens de Mr Kuster jouant au basket avec les garçons à la récrée, ainsi que des genoux tordus de Mme Joner, si dure, en apparence. Je me souviens de la tape sur les fesses qu’elle a mis à Anne-sophie, et de mon angoisse quand je passais à son bureau pour qu’elle corrige mes fautes, mais aussi d’une bonne réponse que j’ai donnée et de son air de contentement qui m’avait fait tant de bien. L’entrée de l’école s’ouvrait en fait sur le préau. Je me souviens de dessins sur les murs, mais pas de ce qu’ils représentaient. Je sais qu’il y avait des bancs et beaucoup de couleurs. Les salles de classe étaient réparties tout au long du bâtiment, coté canal, opposé à la cour, ainsi qu’à l’étage. Je me souviens que je pouvais voir les gens promenant leur chien et les cyclistes sur le petit chemin de promenade qui longeaient le cours d’eau à travers les vitres de la salle de classe.

 

Donc voilà comment empêcher Lisa d’aller à la fac par une simple page web. Ou encore comment un truc aussi merdique que facebook peut me replonger dans ce passé si mystérieux et si énigmatique. Je me suis mis à la recherche de mes souvenirs. J’ai cherché des images de mon village d’avant, j’ai vu comme ça a changé, j’ai parlé à mes anciens camarades et je suis bougrement nostalgique, mais ça fait du bien de savoir d’où on vient.



http://au-dessus-du-jardin.cowblog.fr/images/vueair1.jpg
 

Jeudi 17 décembre 2009 à 17:07

 



Lisa ? Ta gueule !



 
 
 

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