au-dessus-du-jardin

Lisa

Vendredi 23 octobre 2009 à 16:49



Il me faut un trou noir, un puit assez profond pour que je puisse y jeter mes mots, ceux qui luttent trop fort pour que je les libère, ceux qui piquent, qui froissent, ces mots qui font saigner ceux qui m’aiment, ou rire ceux qui s’en moquent, ces paroles acides qui brûlent la gorge quand on les contient. Une trappe profonde, quelque chose d’infini, pour que je puisse cracher toute cette frustration, cracher que je les aime, ces gens qui me font mal, cracher que je suis fragile, oppressée par mon hypersensibilité, agressée par la cruauté de leurs actes, expliquer pourquoi parfois je suis si fermée, expliquer pourquoi je croise les bras et j’ai la gorge qui se serre, la voix chevrotante, quand mon père à l’haleine de l’alcool. Dire aussi à l’intéressé que si je parle tant de tout et n’importe quoi, c’est pour éviter de lui crier « je t’aime », pour pouvoir le garder un peu plus longtemps près de moi et le regarder s’endormir à la  lueur de la lampe de chevet. Je pourrais leur avouer que tout ce que je veux moi, c’est un petit bout de verdure, avec quelques rayons de soleil, pour pouvoir m’allonger dans l’herbe et ne plus penser, en regardant la forme des nuages. Pouvoir dire à la frêle silhouette qui porte tout son monde sur les épaules que si ses calins me gênent tant c’est parce-qu’ils sont trop importants, lui dire que si je ne lui dit pas que je l’aime c’est parce-que je trouve ces mots laids dans ma bouche.


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Vendredi 6 novembre 2009 à 20:21



J'ai envie d'exprimer ce que je ressens, mais c'est arrivé tellement de fois que, fuyant l'impression d'échec d'une énième déblatération de rien, je balance un vieux torchon.

On se recroqueville sur soi même, on retrouve la position fétale et on recherche la protection de la mère dans la chaleur de la couette. Il y a des moments où tout est cru, tout est insipide, la vie redevient juste biologique, on lui ôte la magie que lui prodiguent les sentiments.
Hébétés, on a peut être vu venir le coup, mais en aucun cas on ne se doutait de la détresse dans laquelle il nous plongerai. On se sent terriblement seuls.
On se regarde dans le miroir et on se surprend à avoir pitié de notre image, sans pouvoir rien faire pour y remédier. On crie à l’aide, un peu ou on peut, comme un naufragé agite les bras dans le vide en se noyant. On cherche désespérément la sortie, la lumière, on est comme aveugles et on avance à tâtons dans le noir.
Tous les objets, les tissus, les bâtiments, les mots et les regards semblent s’être recouverts d’un voile terne et on s’en veut de tenir les discours mélodramatiques que débitent les héros de série.
On se met des œillères. On ferme les volets, on tire les rideaux, on éteint la lumière. Qu’aucune lueur ne vienne éclairer la réalité abjecte de notre état.
La souffrance se fait animale.
On se sent orphelin, on se révolte contre cette brute fatalité et on se dit qu’on ne l’a pas mérité, on a l’impression qu’on va en mourir.

Dites moi que ça va passer...



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Vendredi 6 novembre 2009 à 20:28




 Parfois j’aimerais être comme toi.

J’aimerais pouvoir sacrifier les autres à mon confort. J’aimerais n’en avoir rien à foutre, n’avoir besoin que de moi-même et de mon écran pour vivre. J’aimerais être cruelle, indifférente. Pouvoir accepter tous les refus, toutes les insultes, rester impassible, et ne pas ressentir le besoin d’exprimer.

Si tu savais ce que je pense de toi tu pourrais plus te regarder dans la glace...


 

Vendredi 6 novembre 2009 à 21:43



1er janvier 2009…

Début d’année chaotique, à l’image de ma chambre, ainsi que du bordel qui règne dans ma tête.
Ma bonne résolution ?
Tout ranger. Me retrouver, remettre les choses à leur place. Tout faire aussi pour ne plus retomber dans cette incohérence.
C’est un bon début non ? Les circonstances s’y prêtent.
Mon regard balaie la surface de ma chambre de manière consternée : Ouais, c’est vraiment significatif.
Je pense à mettre au point un système de rangement par tiroir de tout ce qui constitue ma vie, le tout obéissant à de strictes règles de logique.
Reste plus qu’à mettre ça en pratique : 

« Mario ? Je te quitte. »

 

Mercredi 16 décembre 2009 à 12:44

 


Ce matin j’ai reçu une cargaison de manalas venus d’Alsace.

 

 

C’est dingue ça.
Je suis tombée sur un groupe facebook par hasard. Le genre de groupe qui réunit les anciens élèves d’une école ou d’un lycée. Ecole Primaire Zillisheim. Je parcours les noms et les photos de tous ces inconnus que j’ai côtoyés autrefois. Clara Hassler, Anthony Bras, Quentin Willig…
Tous ces noms ressortent de mes souvenirs et des images se précisent dans mon esprit.

C’était une grande école, située à la périphérie de la ville. On faisait le chemin à pied ou en vélo tous les jours, avec mon frère. Je me souviens du trajet comme si c’était hier, pour l’avoir fait tant de fois durant mon enfance. On sort sur le gravier devant la maison, on passe le portail sur lequel je m’amusais à faire l’équilibriste, on prend à gauche. On passe devant chez Désiré, on poursuit devant le perron à marches de la « dame des os » comme on l’appelait, car elle avait pour habitude de laisser un sac rempli d’abats pour Youfou, sur le poteau où était notre boite aux lettres. Je me souviens des tourterelles qui chantaient sur les câbles électriques et du timide soleil alsacien. On prend à droite, après le Crédit Mutuel au-dessus duquel vivait cette peste de Marilyne Saladin avec son père pompier. On s’amusait à faire des courses d’escargot avec elle. Elle se trimballait partout avec, ça avait choqué la boulangère. Mais revenons au chemin de l’école. Nous sommes à présent sur la grande avenue. On remonte et ç notre droite se trouve la maison du petit Tristan, qui ne souriait jamais. Il avait les yeux bleus et son père fabriquait des sculptures pour jardin. Le leur était affublé de petits shtroumpfs disposés dans diverses situations, entourés de fleurs et de fontaines. Le tout était d’un goût affreux et très tape à l’œil. Bref on poursuit, on passe devant l’entrée des professeurs de l’école, là où a vécu mon institutrice Mme Janopoulo. Mais avant on passe devant une petite maison où un caniche avait l’habitude de se jeter sur le grillage dès que quelqu’un passait. Je me souviens qu’un de mes camarades y vivait mais je ne me souviens plus de qui. On remonte encore la rue, à notre droite de l’autre côté de la route se trouve la maison des gitans. Ils étaient remontés le jour de la coupe du monde 1998, ils étaient pour l’Italie et nous ont regardés bizarrement quand on est allé défiler dans la rue avec le drapeau français. En remontant encore un peu du même côté de la rue, on arrive devant le portail imposant de notre prof de religion, une forte dame aux cheveux courts et noirs, souvent parée de bijoux imposant, mais je ne me souviens plus de son nom. Elle avait un chien sympathique, très gros et avec de longs poils blancs. On suit la route qui tourne vers la gauche. Il y a une étiquette de sonnette sur le poteau de la maison devant laquelle on passe où est inscrit « Schmitt », nom de jeune fille de ma grand-mère. En poursuivant notre route on arrive rapidement dans la grande entrée de l’école. Je me souviens d’un grand portail, donnant sur un garage à vélo, à gauche. Je me souviens d’ailleurs de la première fois que je suis venue garer mon vélo ici. De l’autre côté de ce garage se trouvait un cours de tennis, séparé de l’entrée par de grandes haies. Il y avait de petits arbres sous l’ombre desquels on s’abritait les après midi d’été. Je me souviens avoir été prise en photo pour la photo de classe dans cet endroit là. Lisa Semeraro ressemblait à une poupée avec ses cheveux bouclés et ses joues toutes roses. La cour était rectangulaire et assez vaste. Il y avait des zones arborées longeant la barrière, à gauche, sur lesquelles on s’est amusé un jour à faire de la gym. Je me souviens m’être fait rejeter et avoir été jalouse des autres filles qui faisaient de la danse et de la gym, et utilisaient leur corps de manière beaucoup plus délicate que moi, comme on s’en doute. Sur le sol de macadam entre ces zones vertes et l’école étaient tracés des marquages blancs pour faire des sports d’équipe. Je me souviens de Mr Kuster jouant au basket avec les garçons à la récrée, ainsi que des genoux tordus de Mme Joner, si dure, en apparence. Je me souviens de la tape sur les fesses qu’elle a mis à Anne-sophie, et de mon angoisse quand je passais à son bureau pour qu’elle corrige mes fautes, mais aussi d’une bonne réponse que j’ai donnée et de son air de contentement qui m’avait fait tant de bien. L’entrée de l’école s’ouvrait en fait sur le préau. Je me souviens de dessins sur les murs, mais pas de ce qu’ils représentaient. Je sais qu’il y avait des bancs et beaucoup de couleurs. Les salles de classe étaient réparties tout au long du bâtiment, coté canal, opposé à la cour, ainsi qu’à l’étage. Je me souviens que je pouvais voir les gens promenant leur chien et les cyclistes sur le petit chemin de promenade qui longeaient le cours d’eau à travers les vitres de la salle de classe.

 

Donc voilà comment empêcher Lisa d’aller à la fac par une simple page web. Ou encore comment un truc aussi merdique que facebook peut me replonger dans ce passé si mystérieux et si énigmatique. Je me suis mis à la recherche de mes souvenirs. J’ai cherché des images de mon village d’avant, j’ai vu comme ça a changé, j’ai parlé à mes anciens camarades et je suis bougrement nostalgique, mais ça fait du bien de savoir d’où on vient.



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